Oui oui, vous avez bien lu : la Fabuloserie. Rien à voir avec une fête foraine… enfin presque, car il y a bel et bien un manège, mais version complètement déjantée. Pour cette 51ème Turbo Veille, on part en Bourgogne, à Dicy plus précisément, à la rencontre d’un lieu qui brouille les frontières entre art brut, imaginaire foisonnant et bricolages géniaux.
Un peu de contexte
La fabuloserie est un lieu unique dédié à l’“art hors-les-normes”. Fondé en 1983 par Alain et Caroline Bourbonnais, la Fabuloserie devient le lieu de référence pour découvrir ces créations inclassables, issues de l’art brut et populaire. Conçue comme un écrin pour l’imaginaire, elle rassemble une collection exceptionnelle d’œuvres singulières, décalées et inventives, échappant aux codes traditionnels de l’art académique.
On y découvre des créations aussi belles qu’effrayantes, mais toujours intrigantes. Chaque visite transporte dans un univers hors-les-normes, où des artistes, qui pourraient être “n’importe qui”, partagent leur monde intérieur, leurs visions et leurs questionnements. Avec des techniques naïves inspirées de leur quotidien, ils transforment des matériaux banals en véritables curiosités poétiques et surprenantes.
Mais du coup, l’art brut ?
L’art brut, notion inventée par Jean Dubuffet, désigne ces formes de création spontanées, libres et éloignées des circuits artistiques institutionnels. Réalisées par des autodidactes ou des marginaux, ces œuvres échappent aux conventions et s’ancrent dans une expression pure, instinctive et sincère. C’est un art de la nécessité, qui révèle une créativité brute, à la fois fragile et d’une force saisissante.
1 — Alain Bourbonnais et sa Tribu des Turbulentes
Alain Bourbonnais est un architecte, peintre et sculpteur qui a profondément marqué l’univers de l’art hors-les-normes. Très tôt, il s’intéresse aux créateurs marginaux et autodidactes, dont il perçoit la force expressive et la liberté inventive. Lui-même façonne des œuvres exubérantes, colorées et monumentales qu’il appelle ses « Turbulents », figures hybrides et joyeusement théâtrales qui traduisent son goût pour l’imaginaire foisonnant et la fantaisie.


2 — Simone Le Caré-Galimard
Simone Le Carré-Galimard est une artiste instinctive qui redonne vie à des objets délaissés, jouets usés, poupées, matériaux récupérés, en les réunissant avec minutie comme les ingrédients d’une recette délicate. Ses assemblages forment un univers vivant et presque symbiotique : chaque élément y est indispensable, et l’absence d’un seul crée un vide qu’elle s’empresse de combler pour préserver l’harmonie de son écosystème.
3— Michèle Burles
Michèle Burles développe un univers foisonnant et délicat où le trait et le fil dialoguent. Sur des papiers aux fibres apparentes, elle trace à la plume des silhouettes élancées, humaines, animales ou indéfinissables, nées de son imagination. Ses encres de Chine sont découpées puis recousues au fil d’argent, l’aiguille devenant un prolongement du dessin. Entre entrelacs et enchevêtrements, elle insère des fragments poétiques, donnant à ses œuvres une dimension à la fois visuelle et littéraire.
J’aime cet univers foisonnant qui nous invite dans un mouvement continu, presque comme une danse, où légèreté et sensibilité se mêlent avec grâce.


4 — Francis Marshall
« Pourquoi Mauricette ? Je crois que j’ai eu envie de raconter l’histoire d’une petite fille et pas d’un garçon. La petite fille subit davantage, le petit garçon ça deviendra un petit homme, il aura un certain nombre de privilèges, alors que la petite fille subit vraiment. »
Francis Marshall construit une œuvre narrative autour de Mauricette, petite fille symbole de vulnérabilité. À travers elle, il raconte la pauvreté, l’exclusion et les injustices qu’il a observées lors de son passage en Normandie. Les ficelles qui ligotent ses personnages deviennent le signe des tabous et contraintes qui nous entravent dès la naissance.
5 — Mario Chichorro
Mario Chichorro mêle son œil d’architecte à la peinture en créant des bas-reliefs pleins de relief et de matière. On retrouve dans ses toiles l’éclat et la générosité des couleurs de ses origines portugaises. La perspective, volontairement bousculée, donne à ses scènes un ton léger et décalé. Son œuvre foisonne ainsi d’énergie, de fantaisie et d’un humour bien à lui.


6 — Le manège de Petit Pierre
Le Manège de Petit Pierre est une construction mécanique incroyable. Fait de bric et de broc : bouts de ferraille, engrenages, bois récupérés… Tout s’anime en un univers poétique. Chevaux, personnages et machines tournent ensemble dans une chorégraphie joyeuse et improbable.
Quand il démarre, l’émotion est immédiate. La complexité ingénieuse de ce travail frappe d’autant plus qu’elle se cache derrière une simplicité bricolée.
Petit Pierre a aussi construit une réplique de la tour Eiffel, haute de 23 mètres, pour son petit frère. Comme le manège, ce geste témoigne d’une immense générosité. Son but : émerveiller les enfants et leur offrir un monde de rêve et de fantaisie.
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